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SHIPWRECKED HEART · **⊱ arrivée à Hawaii** : 29/09/2012

Jordan & Caleb

Le soleil filtra à travers sa chevelure blonde. Elle cligna de l’œil et d’un geste rapide repoussa sa mèche derrière son oreille. Redressant la tête, elle observa minutieusement les alentours et poussa un soupire. Ça ne s’annonçait pas drôle du tout. De nouveau elle observa le corps sur le sol. Une jeune femme aux vêtements déchirés que la mer avait rejetée. De nouveau, pour la énième fois, ses yeux arpentèrent minutieusement le corps de la malheureuse. Elle nota dans son carnet les observations qu’elle avait faites, en gardant d’autres pour elle dans son esprit. Puis elle recula de quelques pas toujours en regardant autour d’elle. Elle cherchait des traces. Des traces indiquant la présence d’une tierce personne, de témoin, ou de caméras de surveillance. Mais surtout elle le cherchait lui. Elle ne l’avait pas revu depuis le weekend, depuis qu’il avait hurlé contre le chef, depuis qu’il avait déclaré haut et fort qu’il ne voulait travailler avec personne d’autre qu’elle. Elle soupira. D’agacement cette fois-ci. A peine avait-elle une pensée positive sur ce mec qu’il lui tapait déjà sur le système. Bizarrement elle se sentait différente. Comme si quelque chose avait changé entre eux. Il avait beau être un crétin arrogant toujours en retard, étrangement il lui manquait déjà, malgré son quart d’heure de retard. Il avait du faire la fête quelque part, passer la nuit avec une fille tellement ivre la pauvre qu’elle n’aurait même pas remarqué avec quoi elle se risquait, mais ce qui l’agaçait le plus c’est que sans lui, elle se sentait exposée. Ressaisis toi ma vieille ! Il ne s’appelle pas Superman. Oui. Elle se sentait différente. Plus liée, à lui, mais aussi plus sure d’elle, plus confiante, et son égal. Etait-ce ça d’avoir un partenaire ? Savoir qu’une corde nous retient en cas de chute, quoiqu’il arrive ? Après tout, n’était-ce pas comme ça qu’ils avaient agis l’un pour l’autre la semaine passée ?

Un homme passa tout prêt d’elle, il avait une tête d’assistant (elle savait les reconnaitre entre mille) et tenait des gobelets de café à la main. Tandis qu’il lui passait sous le nez elle en saisit deux, et se dirigea vers un lampadaire au bord de la route. Elle se tourna vers la mer et observa les vagues, de même que les coroners qui se penchaient vers le corps de la jeune femme. Un peu plus loin les cordons de sécurités avaient été tirés. Derrières ces derniers, se trouvait une foule de badauds, et des représentant de la presse avec leurs insupportables appareils photos. Elle se mordilla la lèvre inférieure avant de lever les yeux au ciel et porta un des cafés à ses lèvres. Elle se remit en route, et repartit vers la victime. En cours de route elle fut rejointe par un homme à qui elle fourra le second café dans les mains.

« Même pas je veux savoir pourquoi t’es en retard ! Stéfanie Lang, 18 ans, retrouvée ce matin vers 8h par un joggeur qui faisait sous footing matinal. Je m’apprêtais à aller l’interroger. »

Sans un regard vers son compagnon, elle se dirigea vers trois flics qui se trouvaient avec un jeune homme. Ce dernier paraissait complètement sous le choc, et ne cessait de jeter des coups d’œil apeuré à la victime. Il avait le genou et la paume des mains égratignés, de même que du sable sur le dessus de sa basket. Tout semblait montrer qu’il avait trébuché sur le cadavre.
Jordan ralentit à l’approche du petit groupe et remis bien en place ses lunettes de soleil sur sa tête. (best serre tête ever !) Elle rebut une gorgée de café et demanda à son coéquipier.

« Passé un bon weekend Jacobs ? Et par pitié remonte ta braguette avant de te ridiculiser d’avantage ! »

**⊱ arrivée à Hawaii** : 01/10/2012

Il avait beau essayer, c'était infaisable, même avec toute la volonté du monde il ne pouvait pas. Arriver à l'heure c'était comme demander à un carnivore de devenir végétarien. Impensable. Il était comme ça, c'était son truc à lui d'arriver à la bourre et ce dans n'importe quelles circonstances. Je suis même sûre que le jour de son mariage il se pointera à la bourre, d'habitude c'est la fille qui laisse le mec en plan le jour du mariage, avec Jacobs ça risque d'être l'inverse. On y peut rien, c'est comme ça qu'il est fait. Il avait perdu cette manie quand il était à l'école de police et même après. Mais une fois revenu sur l'île... Chassez le naturel et il revient au galop n'est-ce pas ? Il n'avait pas d'excuses, ce n'était pas une question de réveil en panne, de bouchons, ou de tout autre mensonge que l'on pourrait inventer. Non c'était juste une sale habitude. Il s'était levé aux aurores, comme chaque matin depuis son arrivée. Même si au départ avec le décalage horaire il avait du mal à rester éveillé le reste de la journée, ça ne l'empêchait pas de reprendre ce bon vieux rituel. À peine réveillé qu'il avait déjà le cul sur une planche et les pieds dans l'eau. Sentir les vagues, surfer comme autrefois. Même s'il avait enchaîné les gamelles les premiers jours, il avait bien vite repris le truc, retrouvé les bons gestes... C'était un petit plaisir qui lui avait grandement manqué, il n'allait pas s'empêcher d'aller en profiter, même si un cadavre devait briser ce bon moment.

Lorsqu'on l'a appelé pour signaler une nouvelle affaire, il fut évident qu'il eut prit son temps. Même s'il voulait arrêter des truands pour jouer aux flics et aux voleurs, il allait profiter encore un petit moment des vagues et du soleil. Il n'avait pas revu sa partenaire depuis qu'elle avait fracassé un mur avec la jeep et qu'il l'avait défendu devant leur boss. Pourquoi il avait fait ça d'ailleurs ? C'était complètement stupide de vouloir d'elle comme coéquipière ! Non mais franchement avoir confiance en une fille... Laisser sa vie entre les mains d'une mannequin, c'était réellement de la folie. Mais elle avait défoncé un mur avec une jeep pour lui sauver la peau, normalement elle aurait appelé des renforts et toute autre démarche inscrite dans le manuel du parfait inspecteur de police. Elle était du genre à suivre les règles et c'est pour ça qu'il n'avait pas besoin d'un partenaire comme ça. Une fille qui plus est. Mais elle avait défoncé un mur avec sa jeep ! Et ce simple fait changeait la donne. Que voulez-vous, il est comme n'importe quel gamin qui aime quand on fait tout exploser. Le temps de se rhabiller et de monter dans sa voiture et il se rendait sur la scène de crime, le tout avec un quart d'heure de retard. Comme d'habitude.

Il passa la barrière de curieux et se dirigea vers sa partenaire comme si de rien était. Les lunettes de soleil sur le nez tout en s'étirant comme un chat. Il n'eut pas le temps de dire quoique ce soit qu'elle lui fourrait déjà un café dans les mains et enchaînait avec les faits. « Même pas je veux savoir pourquoi t’es en retard ! Stéfanie Lang, 18 ans, retrouvée ce matin vers 8h par un joggeur qui faisait sous footing matinal. Je m’apprêtais à aller l’interroger. » Oh doucement on ralentit un peu, il vient d'arriver. C'est quoi cette manie de se la jouer professionnelle dès la première seconde. D'accord, c'était leur travail, c'était sérieux, une femme venait de mourir. Mais on pouvait lui laisser le temps d'arriver non ? Tout en l'écoutant il renifla son café avant d'en boire une gorgée, il grimaça. « On a un nouvel assistant ? » Il n'attendait pas spécialement de réponse, au vu du gout du café, il savait qu'ils en avaient déjà engagé un nouveau et qu'il n'avait pas lu le mémo quant au café. Suivant sa partenaire, ils se dirigèrent vers le témoin qui était encore en état de choc. « Passé un bon weekend Jacobs ? Et par pitié remonte ta braguette avant de te ridiculiser d’avantage ! » Nullement gêné, il baissa le regard sur sa braguette avant de la refermer. Il n'y avait pas de quoi en être ridiculisé. Elle allait surement s'imaginer qu'il venait de passer du bon temps avec une midinette, sa réputation le suivant comme son ombre. Pour une fois c'était juste un oubli idiot après s'être rhabillé suite au surf. « Un agréable week-end, merci de t'en soucier chère partenaire. Et le tiens ? » Dit-il le sourire au lèvre. Il s'approcha des policiers et du témoin. « Je crois qu'on ne va pas en tirer grand chose, il est encore en état de choc et puis il a surement et simplement trébuché sur le cadavre. » Il but une autre gorgée de son café, comme s'il eut oublié le gout immonde qu'il lui trouvait auparavant. Il grimaça encore, d'un rictus dégoûté et il refourgua son café à l’assistant qui passait par là. « Bon allons voir notre amie Stefanie ! »

SHIPWRECKED HEART · **⊱ arrivée à Hawaii** : 29/09/2012

« I can't see no reason to put up a fight I'm living for giving the devil his due »

Incroyable comme il pouvait lui taper sur les nerfs en moins de deux. A peine fut-il arrivé que monsieur semblait reprendre les rênes du pouvoir. Et que je m’étire comme si je sortais de mon lit, lunettes de soleil sur le nez, détendu comme jamais. Bordel quoi !!! Y a une fille qui est morte là !!!! Alors certes elle se relèvera pas, et y a pas feu au lac, mais plus le temps passait et plus son meurtrier avait le temps de se prévoir un way out. Jordan fit comme si de rien n’était et ne répondit même pas à sa question. Un nouvel assistant ? C’était en rapport avec l’homicide ? Non ? Alors qu’est ce qu’on s’en foutait du nouvel assistant et de son café dégueulasse ! Le café elle l’avait volé pour ainsi dire. Il ne leur était pas destiné, elle s’était servit, point barre. C’est avec désespoir qu’elle le regarda remonter sa braguette et lui faire un joyeux sourire. Elle aurait eu envie de lui faire passer son sourire à coups de tartes. Le retard, elle pouvait s’y faire. L’insolence, beaucoup moins. Il lui demanda si elle avait passé un bon weekend. Partagée entre surprise qu’il s’en souci et rage de perdre du temps elle répondit en marmonnant. « Un weekend quoi… » Ou alors on pouvait tout aussi bien prendre ça pour un weekend de merde. Jordan n’était pas comme Caleb. Elle n’avait pas son peps, sa joie de vivre ou sa désinvolture. Elle était débutante, avec le souci de bien faire les choses, et était une traumatisée de l’espèce humaine, des émotions et une abîmée de la vie. Et de plus, malgré un an sur l’île et ses efforts d’intégration, elle se sentait toujours comme la nouvelle qui vient de débarquer. Beaucoup plus comparé à Caleb qui n’était là que depuis deux semaines. Bon d’accord, on admet que ses efforts d’intégrations se cantonnaient à l’exploration de l’île en compagnie de Layla Kingston ou bien même toute seule.

Elle écarquilla les yeux comme une furie lorsqu’il refusa d’interroger le seul témoin disponible. Elle l’observa ensuite se débarrasser du café (elle en fit de même au passage, vraiment rien à voir avec les mochas newyorkais dont elle avait l’habitude) et partit à sa suite en direction de la victime. Il l’agaçait. Il n’y avait pas à tergiverser, il l’agaçait. Peut être que si monsieur s’était pointé plus tôt, il aurait pu voir le cadavre à temps. Jordan l’avait déjà vu. Elle avait déjà discuté avec les coroners ! Elle souffla d’exaspération puis une fois de nouveau devant le cadavre dit :

« Il semblerait qu’elle ait été étranglée, et ses vêtements sont déchirés, elle a peut être subit une agression sexuelle. Le jogger dit qu’il la trouvé vers 8h ce matin, et tout porte à croire qu’elle a été rejetée par la mer… J’ai demandé aux gardes côtes de nous signaler si dans la nuit y a eu un soucis avec un bateau ou quoi. Un accident de répertorié ou autre. Mais... »

Elle grimaça et tourna son regard vers le parking. Quelque chose la dérangeait. Un truc qu’elle avait entendu au sujet de l’océan et qui bizarrement lui trottait dans la tête.

« Mais je sais pas. Y a un truc qui va pas… »

Intuition féminine ? Autre chose ? Elle n’aurait su le dire. Le truc c’est qu’au fond d’elle, elle était intimement convaincue que la victime n’avait aucun rapport avec l’eau alors que tout portait à croire le contraire. Peut être était ce parce que la jeune femme avait toujours ses talons aux pieds qui la mettait sur la piste. Fallait être complètement débile pour monter sur le pont d’un bateau avec une paire de talons. Même Jordan Kennedy Weston, ex mannequin newyorkais, savait ça… Non décidément, quelque chose n’allait pas.

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