[troublemaker.]

Citation :

ALL INNOCENCE IS LONG GONE,
I PLEDGE ALLEGIANCE TO A WORLD
OF DISBELIEF, WHERE I BELONG.

Juliet venait de passer le début d’après-midi le plus interminable qu’elle n’avait jamais vécu. Même ses longues heures de cours ne l’avaient pas ennuyé à ce point. L’homme qu’elle avait rencontré semblait avoir appris par cœur le descriptif de sa compagnie et lui avait dicté son monologue sans pause avec une telle lenteur qu’elle crut qu’il tentait de l’endormir. Elle qui cherchait simplement une nouvelle compagnie pour le design des panneaux publicitaires. Elle avait immédiatement rayé celui-là, même si leur travail lui avait plu. Elle ne pouvait quand même pas faire équipe avec une nuisance pareille. De plus, on lui avait appris que le couple d’acteurs qu’elle avait engagé pour tourner une publicité visant les touristes avaient eux des propos houleux et refusaient de travailler ensemble. Elle détestait ce travail et surtout elle détestait sa chambre d’hôtel où elle devait vivre depuis qu’Andrew avait eu la mauvaise idée de prendre une suite pour lui et Victoria. On l’avait obligé à suivre le couple comme si elle avait encore quinze ans et qu’elle devait rester avec ses parents. Tout ça pour laisser une immense villa où ils pouvaient tous vivre très confortablement aux sœurs Kingston. Travailler et dormir sous le même toit ne lui convenaient pas et elle ne savait pas comment son beau-père faisait pour apprécier sa suite alors qu’il avait acheté une des plus immenses bâtisse de l’île. Elle trouvait cette situation sinistre et avait l’impression d’être une nomade sans logement. En plus aujourd’hui, c’était l’anniversaire de Blackjack, ce qui avait de quoi de la mettre dès la première heure de très mauvaise humeur. Chaque année elle maudissait cette date tout en se questionnant sans arrêt, si elle devait lui téléphoner ou pas. Oui, il avait commis une tonnes d’erreurs et avait de nombreux défauts, mais il restait un humain. Et surtout son père, elle ne pourrait jamais négliger le fait que son sang coulait dans ses veines malgré les souvenirs douloureux qui la hantaient. Elle avait besoin de changer d’air et bien qu’on ne fût la fin de semaine, Juliet décida qu’un séjour à la villa s’imposait. Peu importe ce que ses demi-sœur en diraient, elle avait envie de plage et de calme. La blondinette balança une pile de vêtement dans une valise Louis Vuitton, choisis deux paires de sandales et ajouta sur le dessus de la pile son nécessaire beauté. Elle ferma brusquement la malle et s’engouffra dans l’ascenseur. Juste à la vue de la magnifique maison, Juliet se sentit mieux. Elle se voyait déjà aller courir sur la plage et profiter du soleil sur la terrasse. Elle tira la lourde valise jusqu’au hall d’entrée, puis se dépêcha de rejoindre sa chambre un sourire satisfait aux lèvres.

Après un long jogging sur la plage, elle avait l’impression de se sentir mieux depuis son levée difficile ce matin. Tout les ans c’était pareil, elle ne dormait pas lorsqu’on approchait de la date fatidique où elle était face à un dilemme. Celui d’appeler son père ou d’ignorer son père. Elle ne comprenait pas pourquoi la vie ne lui avait pas donné la chance d’avoir une famille parfaite qui l’auraient couverte d’amour et qui lui auraient permis de grandir dans un environnement confortable. Elle ne voyait pas pourquoi Harley et Layla avait mérité mieux qu’elle, pourquoi c’était elles qui avait eu le père formidable, la magnifique villa et le droit à une vie sans entrave. C’était tout simplement injuste et elle ne le supportait pas. Elle remonta l’allée d’un pas lent et aperçu la voiture d’Harley. Elle avait surement dû voir la valise qu’elle avait fait exprès de laisser trainer dans l’entrée pour être sûr qu’on remarque sa présence. Elle avait l’incontrôlable besoin de gâcher la journée des autres quand on gâchait la sienne. Elle ne supportait pas qu’on puisse être de bonne humeur, alors que la sienne était massacrante. Elle pénétra dans l’immense demeure comme si de rien n’était, se versa un verre de jus d’orange et se prépara du pain doré. Concentré sur sa cuisson, Juliet mit quelque secondes avant de remarquer la présence de l’intruse. Elle se retourna doucement affichant un large sourire et fixa les yeux noisette de son interlocutrice.

« Harley ! Très chère sœur, quel plaisir de te voir. »

Présentant une rangée de dent blanche parfaite et une voix sucrée agréable, Juliet apprécia avec joie l’attitude de Harley parce qu’il était clair que celle-ci se demandait qu’est-ce qu’elle fichait bien ici et quand est-ce qu’elle dégagerait le plancher. La blondinette décida de continuer de jouer le jeu et d’énerver encore plus la brunette, pousser les gens à bout était son deuxième jeu préféré après la manipulation. Elle retourna ses pains dorés et attendit que le premier round commence.